31 mars 2020

Publication des Lettres de Willy à Marcel Schwob (2019)

Après la publication des Lettres à Marcel Schwob de Jean Lorrain (Du Lérot, 2006), Éric Walbecq a réuni les lettres de Willy à Marcel Schwob, issues de l’ancienne collection de Pierre Champion et conservées à la Bibliothèque municipale de Nantes. Composé de cinquante-trois lettres, cartes et billets, la plupart inédits, envoyés par Willy entre 1891 et 1897, l’ensemble est enrichi de quelques lettres de Schwob (deux à Willy, une à Francis Vielé-Griffin) et de quelques autres correspondants, et d’un compte rendu par Willy du premier livre de Schwob sur l’argot. L’ouvrage est illustré d’un cahier iconographique et de plusieurs documents rares, provenant de la collection personnelle d’Éric Walbecq, notamment des dessins d’hommes de lettres croqués par Ernest La Jeunesse (Jules Renard, Catulle Mendès et Marcel Schwob) dans un des trois exemplaires sur japon de son livre Les Nuits, les ennuis et les âmes de nos plus notoires contemporains (1896). L’annotation des lettres est précise et l’introduction précieuse à plus d’un titre : fin connaisseur de l’œuvre de Willy, Éric Walbecq fait non seulement le point sur une relation méconnue mais apporte aussi quantité d’informations sur d’autres figures contemporaines (Mme Arman de Caillavet, Paul Masson, Colette). Éric Walbecq souligne la grande amitié, la confiance et l’admiration de Willy pour son tout jeune ami (Schwob a vingt-trois ans au début de leur relation, lui en a trente et un), les points de convergence et les parallèles entre leur existence, marquée notamment par le deuil de leurs jeunes compagnes, mortes presque en même temps. Cette relation renforcée par les liens entre les deux couples qu’ils formèrent avec Marguerite Moreno et Colette, elles-mêmes très complices, fut cependant fragilisée à partir de l’adhésion de Willy à la Ligue de la Patrie française. On attend désormais que soient publiées les lettres inédites de Colette à Schwob conservées également à la Bibliothèque municipale de Nantes, lesquelles témoignent aussi de l’affection partagée de ce couple pour Marcel Schwob, ce « souple génie [qui] se meut dans l’incroyable et le surnaturel » (Willy), « cette sorte d’étoile magnifique et sombre » (Colette). (Bruno Fabre)




Biblio : Willy (Henry Gauthier-Villars), Lettres à Marcel Schwob, édition présentée et annotée par Éric Walbecq, Tusson, Du Lérot éditeur, 2019, 96 p.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire